samedi 1 juin 2013
Le poignard -1-
jeudi 23 mai 2013
Le foyer d’où personne ne sortait
jeudi 5 janvier 2012
Désirs d'ailleurs 3
Des murmures ravageaient soudainement le silence lourd et pesant qui l’engloutissait dans un chagrin suffocant. C’était un son saccadé résonnant telle une brise survolant des branches dévêtues par les soins intentionnés d’un printemps revanchard. Des mots incompréhensibles caressant ses souvenirs engloutis sous les débris d’une mémoire dévastée et d’un orgueil meurtri.
Seule elle était face à l’harcèlement du silence, subissant l’acharnement du passé à lui faire endurer la souffrance des délaissés. Désarmée telle une enfant à qui on faisait subir les pires atrocités ; incapable de s’émouvoir, d’agir, et de détourner la pensée de ce corps étranger qui la pénétrait. Elle maudissait le passé et ses quelques instants joyeux qui se faufilaient de temps en temps vers son esprit découpant les rythmes de ces douloureux murmures qui s’intensifiaient à chaque recommencement.
Des larmes étincelantes coulaient le long des ses joues, fuyant vers cet au-delà méconnu. Des larmes qui retraçaient sur son visage les chemins qu’un jour des baisers assoiffés d’amour avaient dessiné vers sa bouche. Au contact de ses lèvres les larmes se multipliaient ; ce goût salé faisait interrompre l’harcèlement des murmures; et d'un coup s'établissait un silence assourdissant.
Elle ouvrait ses yeux et se fixait le regard sur son corps qui se reflétait dans un miroir juste à sa gauche. Elle découvrait un corps dévasté tel son cœur qui gémissait lentement ne dédaignant plus donner vie à cet amas de douleur. Ses forces la trahissaient, elle n’en pouvait plus, peu à peu son regard ne distinguait plus cette silhouette que reproduisait le miroir, les contours des formes s’effaçaient, elle ne se contrôlait plus, son corps s’écrasait au sol épousant ses formes plates, s’allongeant tel un horizon indéfinissable.
lundi 13 décembre 2010
Désirs d'ailleurs 2
Tout s’arrêta soudain… la serrure de la porte déclenchait l’une des mélodies qu’elle aimait le plus au monde ; chaque fois que cela arrivait, ce court moment semblait durer pour elle une éternité et pour rien au monde, elle ne risquait de le rater. Cette serrure qui se défend, qui s’entête à se faire désirer de cette clé qui y pénètre et s’incruste dans cet espace interdit; un trou sombre, caprice des voyeurs, tel un corps dont la blancheur étincelante insulte l’impureté des âmes et la servilité des esprits. Finalement, elle finit par céder, se relâcher, se laissant aller au rythmes des va-et-vient la réduisant à une éternel soumission. La clé ne se faisait pas prier pour autant, elle forçait le passage, déclenchant un gémissement court et strident qui remplissait l’entrée d’un parfum exquis, celui qui emplissait le cœur de sérénité et le corps de plaisir.
« Vas-y, ranges tout ces papiers et rejoignes moi… » Comme ces soirées quand il rentre tard, il n’aimait pas perdre du temps, elle ne se posait plus de questions à propos de ses manières –ou plutôt leurs absence- qui tiennent plus du mépris que de n’importe quel autre sentiment. Elle ne voyait pas les choses ainsi, elle se disait qu’elle respecte en lui l’homme… l’homme, voilà un mot qui revenait souvent dans ses écrits, elle n’en comprenait pas grand chose, n’ont pas qu’elle en a connu peu, mais qu’elle en a connu des identiques. Elle n’en pouvait pas se résigner à l’unique conclusion qu’elle en tirait pour le moment lui démontrant que l’homme n’a rien acquis durant ces milliers d’années d’évolution, qu’il continu à désirer pour ne point aimer, et à trahir voulant accaparer et assujettir à tout prix.
Se précipitant de ranger ses papiers, elle le rejoignait machinalement tout en jetant un dernier regard à ses papiers qui lui manquaient déjà.
vendredi 26 novembre 2010
Désirs d’ailleurs
Nos souvenirs sont le principal obstacle à la satisfaction et la réjouissance tant espérée ; c’est ce qu’elle ne cessa de se répéter tout au long de la soirée. Revisitant tout ses souvenirs d’enfance, ses premiers chagrins d’adolescente, est surtout ses premiers désirs de femme à l’âge adulte. Elle ressentait la première main qui caressa jadis ses hanches, le premier baiser qui venait atterrir sur ses lèvres : et ses doigts continuaient à trembler. La nuit était glaciale et ses souvenirs qui enveloppaient ses désirs solitaires d’un sentiment d’incapacité, la frustraient de plus en plus.
Dans des soirées pareils elle s’était habituée à trouver refuge dans l’écriture de quelques notes, elle considérait cela comme une sorte de thérapie, une manière de faire face à ces souvenirs qui ne cessaient de l’harceler ; dans ce duel entre la pensée et les mots transcrites sur du papier, elle était toujours la gagnante. Cependant quand les mots refusent, s’insurgent et s’obstine dans une désobéissance acharnée, elle se trouvait réduite à une contemplation sans fin, des regards égarés se cherchant dans les moindres détails d’un quotidien qui ne cesse de se répéter, et une vie qui ne cesse de s’éparpiller le long des chemins clairsemés d’indifférence et de mépris.
Depuis déjà quelques années, elle s’est trouvée sans savoir comment d’ailleurs, convaincu de l’idée qu’une vie joyeuse est le projet inachevé de toute femme. Elle vivait dans une société qui aimait la femme mais qui ne la comprenait pas, qui désirait cette féminité sans savoir la satisfaire, qui jouissait avec elle mais qui lui défendait la jouissance. Cette incapacité à considérer comme possible l’amélioration du quotidien faisait face à un désir interne, un appel qui venait du fond de ses pensées, un cri assourdissant de l’instinct qui se trouvait délaissé et trahi : elle craignait de ne jamais être une mère, non pas qu’elle le voulait spécialement mais de peur de le regretter plus tard…