samedi 12 mai 2012

L'imprévu


“Les passants, même s'ils s'arrêtent pour un moment ne sont que de passage...
Et comme c'est confortable d'y croire...
Croire que rien n'est raté...” illusions, 14 février 2012.


C’était un jour brumeux, la poussière narguant l’attraction terrestre, flottait dans l’air… c’était une après midi du mois de Mai; lui, il était là, le silence décorant son quotidien solitaire. Le ronronnement du climatiseur dévastait de temps à autre ce silence majestueux; l’invitant à détourner le regard au travers de la chambre, pour s’attarder quelques instant sur les bords des rideaux qui accompagnaient dans leur danse cet air froid et chatouillant. 

Ce jour là, il venait de la croiser par hasard. Elle était juste là, à quelques longueurs de ses doigts tremblants… comme le jour de leur dernier baiser, elle était toujours aussi fière et si envoutante, elle marchait se précipitant le long des pavés comme si elle fuirait son regard qu’elle ne percevait pas mais qu’elle sentait surement.

Il se voyait incapable de bouger vers elle, une immobilité soudaine l’empêchait de crier son prénom, de se précipiter pour la rattraper, lui parler du passé, s’enivrer de son parfum… 

Aurait-elle accepté de l’attendre ?

Pour cette soirée une averse était annoncée, donc pas la peine de sortir surtout que l’air à l’extérieur était suffocant. Depuis son retour il avait entre les mains des photos en noir et blanc ; il les contemplait tout d’abord une à une, lentement il se remémorait l’histoire que racontait  chacune d’entre elles, son sourire au bout des lèvres reflétait le plaisir qu’il éprouvait encore et encore à travers ces photos qui témoignaient d’un passé ressuscité. Il reprenait ensuite dès le début, cette fois il ne regardait qu’elle : la lueur de ses yeux rayonnait partout, dans chaque photo son sourire le dévastait, ses lèvres lui dessinaient les baisers d’autrefois, ses mains agiles lui rappelaient ses caresses. 

Il s'envolait vers elle, son corps était de plus en plus léger, ses yeux se fermaient; refusant de lutter, son corps capitulait lentement…elle était juste là comme ce matin, comme dans le passé… 

PS. Pour un ami qui a délaissé son blog depuis 365 jours.

jeudi 5 janvier 2012

Désirs d'ailleurs 3

Des murmures ravageaient soudainement le silence lourd et pesant qui l’engloutissait dans un chagrin suffocant. C’était un son saccadé résonnant telle une brise survolant des branches dévêtues par les soins intentionnés d’un printemps revanchard. Des mots incompréhensibles caressant ses souvenirs engloutis sous les débris d’une mémoire dévastée et d’un orgueil meurtri.

Seule elle était face à l’harcèlement du silence, subissant l’acharnement du passé à lui faire endurer la souffrance des délaissés. Désarmée telle une enfant à qui on faisait subir les pires atrocités ; incapable de s’émouvoir, d’agir, et de détourner la pensée de ce corps étranger qui la pénétrait. Elle maudissait le passé et ses quelques instants joyeux qui se faufilaient de temps en temps vers son esprit découpant les rythmes de ces douloureux murmures qui s’intensifiaient à chaque recommencement.

Des larmes étincelantes coulaient le long des ses joues, fuyant vers cet au-delà méconnu. Des larmes qui retraçaient sur son visage les chemins qu’un jour des baisers assoiffés d’amour avaient dessiné vers sa bouche. Au contact de ses lèvres les larmes se multipliaient ; ce goût salé faisait interrompre l’harcèlement des murmures; et d'un coup s'établissait un silence assourdissant.

Elle ouvrait ses yeux et se fixait le regard sur son corps qui se reflétait dans un miroir juste à sa gauche. Elle découvrait un corps dévasté tel son cœur qui gémissait lentement ne dédaignant plus donner vie à cet amas de douleur. Ses forces la trahissaient, elle n’en pouvait plus, peu à peu son regard ne distinguait plus cette silhouette que reproduisait le miroir, les contours des formes s’effaçaient, elle ne se contrôlait plus, son corps s’écrasait au sol épousant ses formes plates, s’allongeant tel un horizon indéfinissable.