Et comme c'est confortable d'y croire...
Croire que rien n'est raté...” illusions, 14 février 2012.
Des murmures ravageaient soudainement le silence lourd et pesant qui l’engloutissait dans un chagrin suffocant. C’était un son saccadé résonnant telle une brise survolant des branches dévêtues par les soins intentionnés d’un printemps revanchard. Des mots incompréhensibles caressant ses souvenirs engloutis sous les débris d’une mémoire dévastée et d’un orgueil meurtri.
Seule elle était face à l’harcèlement du silence, subissant l’acharnement du passé à lui faire endurer la souffrance des délaissés. Désarmée telle une enfant à qui on faisait subir les pires atrocités ; incapable de s’émouvoir, d’agir, et de détourner la pensée de ce corps étranger qui la pénétrait. Elle maudissait le passé et ses quelques instants joyeux qui se faufilaient de temps en temps vers son esprit découpant les rythmes de ces douloureux murmures qui s’intensifiaient à chaque recommencement.
Des larmes étincelantes coulaient le long des ses joues, fuyant vers cet au-delà méconnu. Des larmes qui retraçaient sur son visage les chemins qu’un jour des baisers assoiffés d’amour avaient dessiné vers sa bouche. Au contact de ses lèvres les larmes se multipliaient ; ce goût salé faisait interrompre l’harcèlement des murmures; et d'un coup s'établissait un silence assourdissant.
Elle ouvrait ses yeux et se fixait le regard sur son corps qui se reflétait dans un miroir juste à sa gauche. Elle découvrait un corps dévasté tel son cœur qui gémissait lentement ne dédaignant plus donner vie à cet amas de douleur. Ses forces la trahissaient, elle n’en pouvait plus, peu à peu son regard ne distinguait plus cette silhouette que reproduisait le miroir, les contours des formes s’effaçaient, elle ne se contrôlait plus, son corps s’écrasait au sol épousant ses formes plates, s’allongeant tel un horizon indéfinissable.