Durant ces dix derniers mois elle n’a
cessé de l’attendre, d’espérer un geste de sa part, un signe, une photo, quelques
murmures, n’importe quoi de sa part lui redonnera gout à la vie; elle n’osait même plus penser qu’un jour tout
redeviendra comme avant , elle ne désirait plus grand chose de la vie, surement
pas le bonheur -elle n’y croyait plus depuis longtemps-. Elle savait qu’il ne
lui pardonnera jamais son départ... D’ailleurs, ce n’était pas non plus un quelconque
pardon qu’elle attendait mais juste le soulagement de savoir qu’il a su
encaisser , qu’il a continué à vivre et à aimer, qu’il n’ a pas trop souffert,
qu’il s’est battu pour son propre bonheur... tout simplement qu’il l’a oublié.
On frappa à la porte de sa chambre pour
le déjeuner, comme hier elle refusa de descendre , elle n’en veut plus de ces
voix qui l’entourent, qui guettent ses faiblesses, qui savourent ses angoisses
et rejettent sur elle les jugements les plus affreux et les plus insultant. Mais la voix est insistante, c’était celle de
sa mère qui la supplia de descendre. Sa
voix tremblante lui fracassa le coeur, elle
s’éloigna du lit et ouvrit la porte , fixa sa mère d’un regard chagriné pour un
court moment puis elle le détourna vers les rideaux qui couvraient l’unique
fenêtre de sa chambre... Pour elle au delà de la fenêtre il était toujours là , il l’observait, il veillait sur elle. Depuis dix
mois ces rideaux étaient pour elle le seul obstacle qui la séparait de lui. Sa
chambre fut pour des mois son confessoir, chaque matin elle parlait pour de
longues minutes, espérant qu’au delà des rideaux il était là à l’entendre.
Désespérée, sa mère quitta la chambre en
claquant la porte laissant derrière elle des larmes et des rêves inachevés.