Ses doigts tremblaient de froid et ses lèvres marmottaient quelque chose d’incompréhensible. Cette nuit de fin d’octobre restera par la suite comme celle qui se distingua par un chagrin insoutenable, une frustration et un sentiment de rejet que même elle ne pouvait supporter.
Nos souvenirs sont le principal obstacle à la satisfaction et la réjouissance tant espérée ; c’est ce qu’elle ne cessa de se répéter tout au long de la soirée. Revisitant tout ses souvenirs d’enfance, ses premiers chagrins d’adolescente, est surtout ses premiers désirs de femme à l’âge adulte. Elle ressentait la première main qui caressa jadis ses hanches, le premier baiser qui venait atterrir sur ses lèvres : et ses doigts continuaient à trembler. La nuit était glaciale et ses souvenirs qui enveloppaient ses désirs solitaires d’un sentiment d’incapacité, la frustraient de plus en plus.
Dans des soirées pareils elle s’était habituée à trouver refuge dans l’écriture de quelques notes, elle considérait cela comme une sorte de thérapie, une manière de faire face à ces souvenirs qui ne cessaient de l’harceler ; dans ce duel entre la pensée et les mots transcrites sur du papier, elle était toujours la gagnante. Cependant quand les mots refusent, s’insurgent et s’obstine dans une désobéissance acharnée, elle se trouvait réduite à une contemplation sans fin, des regards égarés se cherchant dans les moindres détails d’un quotidien qui ne cesse de se répéter, et une vie qui ne cesse de s’éparpiller le long des chemins clairsemés d’indifférence et de mépris.
Depuis déjà quelques années, elle s’est trouvée sans savoir comment d’ailleurs, convaincu de l’idée qu’une vie joyeuse est le projet inachevé de toute femme. Elle vivait dans une société qui aimait la femme mais qui ne la comprenait pas, qui désirait cette féminité sans savoir la satisfaire, qui jouissait avec elle mais qui lui défendait la jouissance. Cette incapacité à considérer comme possible l’amélioration du quotidien faisait face à un désir interne, un appel qui venait du fond de ses pensées, un cri assourdissant de l’instinct qui se trouvait délaissé et trahi : elle craignait de ne jamais être une mère, non pas qu’elle le voulait spécialement mais de peur de le regretter plus tard…
vendredi 26 novembre 2010
jeudi 18 novembre 2010
Nov 2006 -- Nov 2010: 4 années déjà
Quatre longues années ont passé , quatre années durant lesquelles je n'ai cessé de pointer du regard cette page blanche. Cette blancheur qui m'invite de part sa pureté à m'y introduire et la noircir avec mes mots ineffables.
Les voilà mes lettres toutes proches l'une de l'autre comme si pour mieux se réchauffer dans ce désert glacial de blancheur polaire; ou peut-être intimidées par cette page vierge qui s'ouvre à eux sans le moindre gène qui les drague, et les invite à une nuit de débauche littéraire dépourvus de tout interdits.
Cette nuit n'est pas plus éclairée que les autres ni plus joyeuse d'ailleurs. Alors pourquoi ce soir? Il fait toujours aussi sombre, peut-être moins triste mais surement beaucoup plus mélancolique, est-ce la solitude de ces interminables nuits d'automne? Ces nuits lors desquelles le froissement des feuilles mortes nous rappellent nos âmes meurtris; et ce vent qui ne cesse de souffler, emportant ces feuilles usés de même que nos jours passés à contempler une vie qui n'en finit plus de nous biaiser.
P.S. à celle qui a demandé à me lire.
Les voilà mes lettres toutes proches l'une de l'autre comme si pour mieux se réchauffer dans ce désert glacial de blancheur polaire; ou peut-être intimidées par cette page vierge qui s'ouvre à eux sans le moindre gène qui les drague, et les invite à une nuit de débauche littéraire dépourvus de tout interdits.
Cette nuit n'est pas plus éclairée que les autres ni plus joyeuse d'ailleurs. Alors pourquoi ce soir? Il fait toujours aussi sombre, peut-être moins triste mais surement beaucoup plus mélancolique, est-ce la solitude de ces interminables nuits d'automne? Ces nuits lors desquelles le froissement des feuilles mortes nous rappellent nos âmes meurtris; et ce vent qui ne cesse de souffler, emportant ces feuilles usés de même que nos jours passés à contempler une vie qui n'en finit plus de nous biaiser.
P.S. à celle qui a demandé à me lire.
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